Le côté de Varenne
publié dans Charles, n° 3, en octobre 2012 extraits J’enseignais la philosophie à l’Ecole Normale Supérieure, et mon contrat allait prendre fin, lorsque j’appris que l’on cherchait une plume à Matignon. C’était en juillet 2009. A plusieurs reprises, en particulier dans les mois qui suivirent l’installation du gouvernement Villepin, j’avais été tenté de proposer mes services à des cabinets ministériels, mais je n’étais pas allé plus loin que quelques entretiens, soit que ma candidature n’ait pas été retenue, soit que j’aie renoncé à multiplier les engagements, c’est-à-dire, probablement, à rompre ceux par lesquels j’étais déjà lié. La liberté où je me trouvais, le besoin que je ressentais de laisser reposer quelque temps mes travaux, l’estime que m’inspirait ce que je percevais du Premier ministre, enfin la qualité des échanges qui se nouaient à mesure que s’enchaînaient mes rendez-vous, firent que je résolus rapidement de prendre ce poste si l’on venait à me le proposer. J’eus à composer un discours fictif en guise de test. J’étais à Saint-Malo pour le week-end du 14 juillet. Le matin du départ, je commençai mon texte à la terrasse de « l’Hôtel de France et Chateaubriand » ; je l’achevai dans l’après-midi sur l’aire d’autoroute de Sargé-Sarthe-Le Mans, en faisant tant bien que mal abstraction du brouhaha d’une cafétéria. Les historiens de la Sarthe diraient certainement que c’est là une tout autre contrée que celle de Sablé, la ville du Premier ministre ; mais une association d’idées évidente et joueuse conduisit A. à baptiser ces quelques pages un peu grandiloquentes « l’immortel discours de Sargé-sur-Sarthe » (ce nom n’existe pas). Le lendemain, je rencontrai le conseiller spécial, Igor Mitrofanoff. Tandis que nous parlions, le Premier ministre entra dans le bureau, estival et souriant. Il me fallut quelques instants pour le reconnaître. Quand on n’y est pas habitué, ponctuer les salutations par un « Monsieur le Premier ministre » clair et distinct est un exercice semé d’embûches ; la formule paraît interminable et il y a matière à se heurter sur les mots. J’avais à peine fini de bredouiller qu’il était déjà reparti pour « nous laisser travailler ». Quelque temps plus tard, sur l’île de Nantes, à la fin d’une belle après-midi d’été, j’appris par un coup de téléphone que j’étais recruté. C’est ainsi que je rejoignis en septembre l’équipe de plumes constituée par Igor. [...] * Narratologie des légions d’honneur. L’orateur qui prononce un discours en hommage au récipiendaire d’une distinction honorifique est dans la situation d’un narrateur omniscient. Il parle comme s’il connaissait toute la vie de cette personne. La plupart du temps, ce degré extrême de familiarité est fictif. Cela crée quelquefois des situations qui ravivent de vieux souvenirs de cours de lettres – mise en abyme, Jacques le Fataliste, Nouveau roman, etc. Gérard Genette nommerait peut-être « métalepses » ces instants où le fil du récit – et avec lui, ce que Coleridge appelait the willing suspension of disbelief – se rompt parce que le narrateur se retourne sur soi-même, met en scène sa position, en commentant ce qu’il est censé savoir, mais en réalité découvre (« … et vous avez été champion de France universitaire du 800m en 1963 – ah bon ? mais vous m’aviez caché ça ! »), ou bien en se rebellant contre son auteur (« l’âne bâté qui a préparé ce discours » et qui a confondu La Flèche et Sablé-sur-Sarthe). * Une plume me raconte que son ministre a trouvé une ruse de sioux dont il ne se lasse pas. Lorsqu’il arrive devant une assemblée, il commence son propos en disant quelque chose comme « mes services m’avaient préparé une intervention, mais je préfère vous parler avec mon cœur », et il manipule ostensiblement une liasse de feuillets qu’on imagine pesants, technocratiques, ronflants. Gratitude de la salle. Puis le ministre, qui a su, comme un bon joueur de cartes, remettre discrètement sous ses yeux ce qu’il avait feint d’écarter, suit à la lettre le discours prétendument répudié – qui n’était pas si ennuyeux – en mettant le ton qu’il faut pour que cela ait l’air d’être né de sa main, griffonné dans les soubresauts d’un trajet en automobile, et par instants improvisé. * « Kennedy était resté orateur jusqu’à prononcer son éloge sur sa propre tombe, puisque Théodore Sorrensen continuait à ce moment de rédiger pour le successeur les discours dans ce style qui avait tant compté pour faire reconnaître la personnalité du disparu » (Guy Debord). Dans la famille S., un frère est au conseil d’Etat, l’autre diplomate, tous deux passés par l’ENA. Le premier travaille dans l’équipe de Nicolas Sarkozy, le second dans celle de François Hollande. Lorsque vient la préparation du débat télévisé, chacun doit rédiger de son côté des notes sur la question d’Afghanistan, passage obligé de la joute. Juste après la confrontation, qu’ils regardent dans leurs quartiers généraux respectifs, ils se téléphonent, convaincus, de part et d’autre, que leur candidat a été le meilleur. [...] * Discours en petit comité, en hommage à des historiens. Dans un de leurs ouvrages, je tombe sur une citation de François Villon : l’occasion est trop belle. Le Premier ministre lit ce passage sans broncher, imperturbable. Après le discours, on sort sur la terrasse de Matignon. C’est un soir de mai où le soleil dure longtemps. Tandis que je descends les marches, le Premier ministre, un peu plus loin, décoche un large sourire, et un clin d’œil, se rapproche, tend la main, juste le temps de dire « vous vous amusez bien ! », et repart saluer tous ses invités. * Au printemps 2010, je donne à la revue Trafic un article sur La Jetée de Chris Marker. Dans le texte du film, qui est un récit, lu par un narrateur, les deux phrases qui clôturent le prologue retiennent l’attention avec beaucoup de force. Après un silence : « Plus tard, il comprit qu’il avait vu la mort d’un homme. » Autre silence, bref : « Et quelque temps après, vint la destruction de Paris. » Puis : déclenchement soudain des chœurs de Piotr Gontcharov, tandis que défilent les images de la ville en ruine. Dans un discours à la mémoire de Jean Moulin, que je dois écrire à peu près à la même époque, il y a un passage où j’essaie consciemment de reproduire un décrochement similaire, léger dans sa forme, brutal dans sa signification. Je parle du moment où il retrouve Daniel Cordier, le soir du 27 mai 1943, après la première réunion du Conseil national de la résistance, rue du Four. C’est Cordier lui-même qui l’a raconté : ils se retrouvent dans une galerie d’art, sur l’île de la Cité, où Jean Moulin était venu négocier la venue de gouaches de Kandinsky à Nice, dans sa propre galerie. « En ce jour de mai, la vie souriait à Jean Moulin. Il y avait dans l’air le sentiment d’un avenir meilleur. C’était le printemps. » Et après un silence : « Quelque temps plus tard, « Max » était arrêté. » Ce que mentalement je me répète en écrivant le texte, c’est l’instant de silence. (Ces phrases seront finalement modifiées.) * Dans le même discours, surgissent quelques micro-pastiches de Malraux, dont les intonations jouent malgré moi dans mon esprit, par exemple avec ce bout de phrase (retiré ensuite) : « Jean Moulin cherchait à Londres de l’argent, des armes, un soutien logistique et moral, il n’était pas venu sacrer le général de Gaulle comme Jeanne d’Arc Charles VII… » * « Il connut la ferveur des réunions publiques, les arrière-salles où l’on refait le monde, il connut aussi les traversées du désert, les téléphones qui ne sonnent plus, et puis soudain, les renaissances éclatantes, les élections gagnées en dépit des sondages et des prédictions fatalistes. » Clin d’œil à Flaubert (« il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente… »), en marge d’un hommage à un vieux compagnon du RPR. Laissé de côté. * « De tout cœur, je remercie Son Altesse Royale le prince Norodom Sihanouk de nous réserver un accueil aussi magnifique dans sa noble capitale. » C’est la première phrase du discours de Phnom Penh en 1967, où le général de Gaulle tient sur le conflit au Vietnam des propos qui ont fait date. A Hanoï, je prépare un texte pour le toast du dîner officiel qui commence par les mêmes trois petits mots, « de tout cœur ». Igor n’y change rien, mais le Premier ministre, au moment de prononcer l’allocution, les repousse un peu plus loin dans la phrase. Rarement palimpseste a été plus imperceptible. [...] * Un jour, je dois préparer un discours pour la décoration du cuisinier de l’ambassade de Grande-Bretagne. C’est un Français, qui occupe cette fonction depuis près de quarante ans. Je vais à la librairie d’histoire de l’Harmattan, rue des Ecoles. Longtemps j’ai à peine perçu l’existence de cet endroit, alors que j’habitais juste à côté, sans doute parce que la devanture étroite, presque minuscule, et sans charme, ne laisse pas deviner l’étendue de ce qu’on peut y trouver. J’en ressors avec une dizaine de livres sous le bras, des biographies d’Antonin Carême, les ouvrages de Jean-François Revel et Anthony Rowley, quelques témoignages sur la vie quotidienne à Buckingham, etc. Depuis quelque temps, le responsable de la librairie m’observe avec intérêt et amusement. Je lui achète des piles de livres qui portent à chacun de mes passages sur des sujets totalement différents. Il ignore à quel usage je les destine ; du moins je ne lui en ai jamais parlé. Quand je collectais les mémoires des apôtres mineurs du général de Gaulle, j’avais l’impression d’être à ses yeux un client plus sérieux. Ces confessions de valet de chambre à la cour de Saint-James et ces histoires de bœuf en gelée à travers les âges – entre lesquelles existe, du point de vue du travail que j’ai à faire, un lien qu’il ne voit certainement pas – semblent entamer sa considération. Son sourire a l’air de dire : mon pauvre ami, que vous est-il arrivé depuis la semaine dernière ? C’est pourtant dans ses rayonnages que je découvre à quel point les études gastronomiques ont envahi l’historiographie actuelle. Et c’est en préparant ce discours en apparence frivole que, sans m’y attendre, je vais effleurer de la manière la plus vive des fragments lointains de la « grande » histoire. Dans un des ouvrages que je me suis procurés, je lis qu’Edward VIII, au début de son règne éphémère, avait par l’intermédiaire de son ambassadeur à Paris débauché le cuisinier de Maxim’s, Legros, qu’il soumettait à rude épreuve en lui commandant des repas d’une frugalité désarmante, car le souverain voulait ménager sa ligne : thé et pomme au déjeuner, poisson, melon et fromage pour le dîner. Au téléphone, je raconte au cuisinier de l’ambassade cette anecdote qui me semble à des années-lumière du moment où nous parlons, simplement pour lui demander s’il a eu affaire à des dignitaires aussi peu gastronomes ; alors il hésite légèrement, il y a un court silence où il semble tourner ses souvenirs de différents côtés, pour en être sûr, et puis, comme si j’avais entrouvert une porte derrière laquelle était caché le temps, il me dit qu’il se souvient de cet homme, Legros, oui bien sûr, Legros, il l’a connu en travaillant pendant quelques mois, dans les années 1950, chez les Windsor qui vivaient le plus souvent à Paris depuis l’abdication. Autre grâce du temps : le lendemain du discours, lors des conciliabules qui précèdent la réunion de cabinet, chaque mercredi matin, une proche conseillère du Premier ministre m’apprend que Lady Soames, la dernière fille de Churchill, veuve de Christopher Soames, ancien ambassadeur à Paris, l’a félicité pour sa connaissance de l’histoire britannique. En essayant de me figurer la scène, je ne peux m’empêcher de penser au moment où le narrateur de la Recherche aperçoit, dans les allées du Bois de Boulogne, une dame âgée, simple et brusque, qui parle de Napoléon III, de Flaubert, de Musset comme de vieilles connaissances avec qui elle aurait pu dîner la veille, si le temps ne les avait pas empêchés de venir, et qui est la princesse Mathilde, la nièce de Napoléon 1er. Mais avec Mary Soames les maillons qui retiennent la durée historique sont en définitive encore plus forts. Dans la Recherche, comme dans la vie de Proust, la rencontre de la princesse Mathilde a lieu au début des années 1890. La distance avec la fin du Second Empire n’est finalement que celle qui nous sépare de la chute du Mur de Berlin ; et la princesse, née en 1820, n’a pas vu Napoléon 1er à l’œuvre, alors que Mary Soames a vécu la Seconde Guerre mondiale. * Depuis longtemps j’imagine en Gaston Palewski le chaînon manquant entre Proust et le général de Gaulle. Dans ses mémoires, le récit de leur rencontre est mené avec un sens aigu du rythme : Palewski dirige le cabinet de Paul Reynaud au ministère des Finances, De Gaulle vient le voir à son bureau pour lui exposer ses théories iconoclastes sur l’organisation des armées, Palewski est subjugué par ce curieux personnage, le temps passe vite, ils vont déjeuner dans les environs, ils marchent ensemble tout l’après-midi, les idées fusent, ils ne se quittent plus. Implacable séducteur, homme du monde, Palewski est aux antipodes de l’image qu’a laissée de lui-même le général de Gaulle ; je trouve très émouvante cette indéfectible amitié des contraires. Palewski est l’un des seuls « gaullistes historiques » que Malraux cite régulièrement dans les Antimémoires, sans doute parce qu’un personnage aussi romanesque était à sa place dans cette reconstruction de l’histoire abandonnée aux pouvoirs de la littérature. Nancy Mitford, qui en était éprise, le dépeint dans ses romans sous les traits de « Fabrice, duc de Sauveterre ». Il s’est marié à la fin de sa vie avec Violette de Talleyrand-Périgord, duchesse de Sagan, petite-fille de Boson de Talleyrand-Périgord – dont Proust, qui s’était introduit dans son cercle, s’est inspiré pour plusieurs de ses personnages aristocratiques. Il a été le Robert de Saint Loup du général de Gaulle et le duc de Nemours de la Résistance : à une heure tardive où l’inspiration s’en va battre les fourrés en tous sens, je place une phrase qui ressemble à celle-ci dans un discours sur l’héritage du gaullisme. Il n’en reste naturellement pas la moindre trace dans la version finale. * Pour préparer la décoration de trois ambassadeurs, dont l’ancien représentant de l’Italie à Paris, j’ai une conversation téléphonique avec un diplomate qui a derrière lui une longue et belle carrière. Il semble considérer qu’écrire un discours consiste à enfiler un certain nombre de perles dont il m’instruit obligeamment : les ambassadeurs italiens sont « nos voisins de la rue de Varenne », c’est important de rappeler cette formule, vous savez que l’ambassade est à deux pas, et dans la diplomatie on dit toujours « mon prédécesseur cet incapable, mon successeur cet arriviste », ça aussi vous pouvez le placer dans votre papier. Je ne retiens que la première suggestion. Elle me rappelle les formules – émaillées de périphrases grâce auxquelles un pays n’est jamais désigné par son nom vulgaire, mais par une adresse postale ou un toponyme – qui font reconnaître le diplomate de carrière dans les articles du marquis de Norpois pour La Revue des deux mondes : « une camarilla plus ou moins inféodée à la Wilhelmstrasse », « le cabinet de Saint-James ne fut pas le dernier à sentir le péril », « l’émotion fut grande au Pont-aux-Chantres où l’on suivait d’un œil inquiet la politique égoïste mais habile de la monarchie bicéphale ». Dans le discours, je propose d’évoquer devant l’ambassadeur italien « l’époque toute récente où vous étiez – comme se plaît à le dire notre langue diplomatique, qui reste celle du marquis de Norpois – notre voisin de la rue de Varenne ». Cette taquinerie n’est pas écartée de la version finale, comme j’imaginais qu’elle le serait ; mais elle laisse totalement de marbre l’auditoire, passant aussi inaperçue que les trop fines allusions des tantes Céline et Flora dans les dîners de famille à Combray. [...] * Les premiers mois, je relisais souvent quelques pages de De Gaulle avant de commencer un discours, comme pour tremper ma plume dans cette encre. J’avais très peu lu François Mitterrand ; mais j’avais visionné des extraits de ses discours de campagne. Un jour, j’achetai La Paille et le grain chez un bouquiniste des quais. Je le pris dans l’avion qui emmenait le Premier ministre au Japon, en juillet 2010. Cette lecture suscita beaucoup d’amusement chez mes compagnons de voyage, surtout chez un diplomate qui doutait fort que l’on puisse de nos jours s’exprimer dans une langue, disait-il, aussi surannée. Je protestai que ce vieux style me ravissait. Plus tard, le diplomate devint un proche conseiller du nouveau président, lequel n’avait eu de cesse, au cours de sa campagne, de reproduire à tout moment les tournures et les gestes de François Mitterrand, comme s’ils étaient de petits talismans qui lui porteraient bonheur jusqu’à la victoire. Depuis 1945, la prose politique française est dominée par l’alternative De Gaulle ou Mitterrand. Ils ont un point commun : on sent chez eux l’immense tension d’une écriture cherchant à garder la main sur les contenus technocratiques qui enserrent l’expression politique contemporaine, mais dont elle ne se détournerait qu’au risque de paraître anachronique ou vaine. Il suffit de s’être frotté à l’exercice pour compatir avec cet effort et en admirer les résultats. Pour le reste, tout les oppose ; leurs querelles passent dans le contraste de leurs styles. De Gaulle, c’est l’Iliade : un catalogue des vaisseaux, un campement obstiné sur le rivage, un langage ample et régulier comme la houle qui s’écrase sur les grèves et accomplit son œuvre à l’échelle des siècles. Mitterrand, c’est l’Odyssée : l’itinéraire d’un homme talentueux et rusé, polutropos, qui use, d’ailleurs, de tous les « tropes » de la rhétorique, qui longtemps lutte contre plus fort que lui (contre De Gaulle, contre le temps), et qui parvient au port après une longue errance où peu à peu il a retourné en sa faveur les coups que lui ont portés ces puissances hostiles. Il y a dans le style de De Gaulle une monotonie qui ne l’empêche pas d’être splendide. Son lexique n’est pas infini. Mitterrand pratique la variété, use de toutes les notes du clavier, ne se refuse aucune formule – peut-être devrait-il, parfois, s’en refuser. Le Coup d’Etat permanent en regorge : on se demande si elles jaillissent d’un esprit qui en dispose à profusion et n’en surveille pas toujours l’incessante émanation, ou bien si elles sont le fruit d’un esprit scolaire qui s’est si bien comprimé, si bien torturé, qu’il a perdu le contrôle de son effort. C’est une sorte de traité du vain combat, qui cherche de tous côtés la faille d’une forteresse, et dont l’auteur semble dire : si j’échoue à être grand par mon rôle dans l’histoire, que je le sois au moins par mon écriture. [...] |